Rencontre avec Agathe Ruga

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Laissez passer les rêves

J’avais envie. Envie de la rencontrer. Envie de l’entendre parler de son premier roman Sous le soleil de mes cheveux blonds. Envie de comprendre comment on passe « des bouches », comme elle dit avec humour, aux livres puis à la plume. Envie d’un tout petit moment en tête à tête avec Agathe Ruga.

Alors je l’ai contacté par mail. En m’appliquant à faire de belles phrases. En la vouvoyant (et oui, elle a intégré le cercle fermés des auteurs publiés, cela force le respect !). Nous avons convenu d’un rendez-vous, téléphonique : « je suis enceinte, je limite mes déplacements ». Et assez naturellement, le « tu » remplace le « vous ».  Sa voix est chaleureuse, sa joie de vivre transparaît et sa bonne humeur est contagieuse. Une heure. C’est le temps de notre échange. Une heure que je n’ai pas vu passer. Une heure où il aura été question de sa deuxième vie d’auteure, de son roman et de littérature.

Résiste. A 33 ans, sa deuxième vie commence : celle qu’elle a choisi. Fini les diktats de la société, les phrases toutes faites «  Tu feras un bac S, les débouchés sont meilleurs », « La lecture est un loisir, pas un métier ». Fini les matins chagrin où la boule au ventre elle se rend à son cabinet dentaire avec la désagréable impression de ne pas être à sa place. Pour alléger ce quotidien, Agathe Ruga se réfugie dans les livres. Entre deux patients, elle lit, puis partage ses lectures sur Instagram. Parce que 2 200 caractères pour parler littérature, ce n’est parfois pas suffisant, elle crée quelques mois plus tard son blog www.agathethebook.com : « cela a été mon échappatoire ».

Prouve que tu existes. Appelez- la Madame la Présidente. Avec une dizaine d’autres bloggeuses littéraires, l’influenceuse au 12 000 followers créée le Grand Prix des Blogueurs Littéraires ; le seul prix littéraire où les votants sont exclusivement des blogueurs, booktubeurs et bookstagrameurs. Et la vie étant souvent bien faite, c’est lors de la soirée de remise du prix qu’Agathe Ruga rencontre sa future éditrice. Caroline Laurent, médaille d’argent du Prix des Blogueurs et accessoirement directrice littéraire chez Stock lui glisse entre deux coupes de champagne: « si tu écris quelque chose un jour, montre le moi ».

Cherche ton bonheur partout, va. Agathe m’avoue que sa motivation première lorsqu’elle a lancé  son blog a toujours été d’écrire : « Certains blogueurs littéraires créer leur blog pour en vivre, d’autres pour intégrer le milieu de l’édition. Moi, mon but, c’était l’écriture. ». Et depuis quelques temps, elle écrit. Sérieusement. Elle écrit, tous les jeudis matin (les bouches devront attendre) et le soir quand ses filles sont couchées. Elle écrit en musique. Elle écrit sur une histoire d’amitié brisée. Une autofiction.

Refuse ce monde égoïste. Alors Caroline Laurent et sa proposition tombent à pic. Le premier jet de Sous le soleil de mes cheveux blonds – qui à l’époque ne s’appelle pas encore comme ça – plait,  ce roman sera publié. Quelques corrections doivent être apportées, des chapitres retravaillés. Notamment celui du poids de l’absence de l’amie qui fait écho à la douleur de l’abandon  maternel.  « Parfois, écrire relève du travail psychanalytique ».

Résiste, suis ton cœur qui insiste. Son livre, elle l’a voulu comme une ode à l’amour et à la féminité. « L’amour est le moteur de tout. Je dis souvent que je suis une amoureuse de l’amour ». Son livre est une déclinaison d’amours, amour amical, amour filial, amour charnel, amour emprunté. « J’ai voulu que chacun puisse se retrouver dans les personnages. Aucun n’est parfait et aucune vicissitude de la vie ne leur a été épargnée. Chacun a son secret, ses non-dits, ses failles, sa manière d’aimer. »

Ce monde n’est pas le tien, viens. A la question sur l’inspiration et la peur de la page blanche, Agathe a sa réponse. « J’ai eu quelques doutes, surtout au début. L’impuissance littéraire est un syndrome assez habituel dans l’écriture. Curieusement il ne faut pas penser au lecteur, il faut écrire sans se censurer, sans complaisance vis-à-vis de soi et de ses proches, ne pas avoir peur de se dévoiler.»

Bats-toi, signe et persiste. Avec le début de l’aventure Sous le soleil de mes cheveux blonds, Agathe a mis de côté sa carrière de dentiste pour vivre intensément toutes les premières fois qui s’offrent à elle : première radio, première presse, premières séances de dédicaces en librairie, premier plateau télé. Portée par ce succès, Agathe irradie de bonheur, cela s’entend.  Quand je lui demande comment on doit l’appeler : auteur, écrivaine, auteure, autrice, elle me répond avec humilité : « Est-ce que l’on peut se définir comme une auteure, quand on n’a écrit qu’un seul roman ? ». Oui, Agathe tu peux.


Retrouvez ma chronique sur le livre d’Agathe Ruga : ici.

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