De la tendresse, rien que de la tendresse
L’intrigue racontée par différents narrateurs hache quelque peu le récit et peut surprendre au début, mais Martin Winckler le dit lui-même en préambule : toutes les petites histoires, les détours, les retours en arrière et les projections dans le futur, mènent à la grande Histoire.
Celle d’Abraham, médecin fuyant l’Algérie, avec son fils, et s’installant dans un petit village de la Beauce, au début des années 60. Chaque chapitre du roman est une délectation, entre la retranscription du charme suranné de l’époque (les réunions Tupperware, les débuts d’Hara-Kiri, les meubles en formica), des tensions politiques liées à la guerre d’Algérie ou au difficile devoir de mémoire de la Seconde Guerre Mondiale. Abraham, et Franz, son fils, acteurs et spectateurs de ces événements y font face, ensemble, en veillant l’un sur l’autre. L’auteur bouleverse (et fait même parfois rire) en décrivant si justement les sentiments, les souvenirs et les interrogations enfantines de Franz.
D’abord déroutant, puis plaisant, le roman de Martin Winckler révèle son charme au fur et mesure pour devenir complétement envoutant.
Avis de Gwenn Ha Lu : un vrai enchantement !
TITRE : Abraham et fils AUTEUR : Martin Winckler EDITEUR : P.o.l. NOMBRE DE PAGES : 576 pages DATE DE PARUTION : 11/02/2016
SELECTION DU JURY DE SEPTEMBRE – ROMAN
DISPONIBLE EN POCHE / FOLIO