Au bord de l’indigestion

Temps_du_changement

J’ai oublié les rêves et les merci

Il n‘y a pas longtemps, je me suis souvenue d’une scène à laquelle j’avais assisté dans l’une de mes librairies fétiches. Un représentant d’une des maisons d’édition GalliGraSeuil – je ne me souviens plus laquelle – avait apporté dans un joli et garni Tote Bag les nouveautés à paraître lors de la prochaine rentrée littéraire. Ce libraire peu loquace avait accueilli cette dizaine de livres avec indifférence et une pointe de scepticisme.

J’avais remis en rayon les livres que j’avais méticuleusement sélectionnés depuis de longues minutes déjà et étais sortie de la librairie furieuse. Comment peut-on être aussi insensible à la nouveauté ? A ces livres prometteurs d’ailleurs ? Comment peut-on rechigner à découvrir en avant-première les mots de ces auteurs, nouveaux ou confirmés, qui ont couché sur le papier leurs histoires ?

Cette scène m’est revenue à l’esprit parce que depuis 4 mois maintenant, je suis dans le même état que ce libraire : apathique devant les nouveautés littéraires. Et pire, j’ai été très longtemps insensible aux livres (imaginez quatre mois sans en ouvrir un ni franchir le seuil d’une librairie) et imperméable aux innombrables posts et stories de la communauté Livrestagram (le # où tous les amateurs de lecture échangent sur leurs lectures en cours).

Il aura fallu quatre mois pour que je comprenne d’où venait ce ras-le-bol. La lecture n’était plus un plaisir ni un loisir, mais était devenue un métier. Imaginez j’avais une To Do List pour Gwenn Ha Lu :

  1. Lire au moins cinq livres par mois
  2. Publier un article par semaine
  3. Faire de jolies photos pour illustrer les livres
  4. Poster sur Facebook et Instagram au moins trois publications par semaine
  5. Trouver des Service Presse pour pouvoir livre les nouveautés en avant-première
  6. Participer à des concours et des prix littéraires pour gagner en visibilité

Dans cette course frénétique aux Likes et à la croissance de mes abonnés, j’avais perdu de vue l’essentiel.

J’avais oublié que Gwenn Ha Lu n’était pas mon métier. Ma profession, contrôleur de gestion, ne me permet pas de consacrer plus de quelques heures par semaine à mon amour des lettres.

J’avais oublié que ma personnalité n’était pas à l’exhibitionnisme. Donner son avis sur un livre ne suffit plus pour devenir une blogueuse littéraire aux 10K de followers. Il faut donner de sa personne, se mettre en scène, montrer son visage – bronzé et reposé de préférence -, raconter ses vacances, montrer sa joie de vivre en fumant et dégustant un bon verre de vin entre amis. Je ne sais combien de fois je me suis demandé quel était le lien avec la littérature en voyant sur les comptes de bloggeuses littéraires des photos ou des stories montrant leurs chats, leurs enfants et des tasses de café fumante avec un cœur de mousse de lait. Si exposer sa vie privée est facile pour certaines, pour moi, c’est juste impossible.

J’avais oublié qu’avant l’expérience Gwenn Ha Lu, lire était un plaisir et écrire un exutoire.

Alors voilà, après quelques discussions avec moi et moi-même, j’ai décidé de poursuivre l’aventure Gwenn Ha Lu.

Mais différemment.

Sans pression, sans To Do List et sans diktat des réseaux sociaux. Moins de nouveautés, moins de chroniques sur des livres surexposés dans la presse et sur les réseaux sociaux. Plus de sujets de fond, de rencontres avec les écrivains et de voyages littéraires.

Et surtout en gardant à l’esprit que la lecture est avant tout un loisir, ma récréation, mon passe-temps favori depuis mon plus jeune âge et que cela doit le rester.

Je vous laisse, je suis depuis quelques jours embarquée dans L’ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon. Tout va mieux, l’envie de lire est revenue…

9 réponses

  1. De mon côté, j’ai ouvert mon blog sans contrainte, et j’ai un rythme de publication sur insta assez aléatoire et faible mais ça ne m’a pas empêchée de faire de magnifiques rencontres virtuelles de qualité et c’est précisément ce que je cherchais en ouvrant le blog : échanger, partager… tant que tu mettras de l’amour et de la passion dans tes mots, tu feras de nous des abonnés fidèles et comblés, peu importe que ce soit pour un article par jour ou un par mois !

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  2. Bienvenue au club de réflexion…..J’ai également eu cet « éclair » prise de conscience de la pression qui commençait à me peser…. Moi qui a pour maître mot Liberté, je n’avais plus le plaisir de lire, de découvrir moi-même la petite perle, de choisir le prochain livre, lire beaucoup mais moins bien finalement….. Je suis revenue à la lecture plaisir, bonheur, découverte mais en gardant l’envie de partager sur le blog tout cela. Du coup je me sens plus sereine, plus libre, légère ….. 🙂

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  3. Estelle

    C’est pour ton honnêteté intellectuelle et la qualité des tes posts que l’on te suit et que nous continuerons à te suivre ! Ne change rien ! Et ravie de te voir de retour

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  4. Je te suis totalement dans cette analyse. Avant tout privilégier le plaisir de la lecture, celui qu’on éprouve depuis qu’on a découvert cette magie incroyable des mots ! Sans pression, sans obligation. Hâte de découvrir cette nouvelle orientation.

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