Devoir de mémoire
Seule personnalité encore vivante à avoir discouru lors de la marche vers Washington le 28 aout 1963 – journée passée à la postérité grâce au discours de Martin Luther King « I have a dream » -, John Lewis a entrepris de raconter ses mémoires. Démarche attendue et classique, me direz-vous, pour une des figures du mouvement des droits civiques, mais qui avec Wake up America se révèle audacieuse.
En optant pour un roman graphique, John Lewis dépoussière le style si formaté des autobiographies. C’est avec des planches en noir et blanc, des dessins à la fois épurés et aiguisés et trois tomes que John Lewis raconte son engagement dans la lutte contre les discriminations raciales. Le contraste visuel offert par le noir et blanc sert aussi son propos : les dessins sont aussi sombres et tranchés que ne l’étaient les années 1960 aux Etats-Unis. Bien scénarisées et exécutées, ces mémoires anticonformistes ont surtout le mérite de rendre accessible et intelligible cette page de l’histoire américaine. Wake up America parvient à réconcilier le devoir de mémoire et le droit à l’amusement.
Avis de Gwenn Ha Lu : l’Histoire à portée de main.
TITRE : Wake up America SCÉNARISTES : John Lewis & Andrew Aydin DESSINATEUR : Nate Powell EDITEUR : Rue de sèvres Série en 3 tomes